Le 23 octobre 2023, la ville de Versailles informait l’organisateur du spectacle « Bernadette de Lourdes » de la suppression de ce spectacle du pass culture, au prétexte qu’il est incompatible avec la laïcité. Le 7 décembre, veille de l’Immaculée Conception, Emmanuel Macron célébrait le début de la fête juive d’Hanouka au palais même de l’Elysée. Un deux poids, deux mesures que les catholiques subissent malheureusement de plus en plus en France, fille aînée de l’Eglise. Cette atteinte régulière à la religion catholique témoigne certes d’un esprit anti-chrétien, mais la légèreté avec laquelle Emmanuel Macron s’est défendu sur son action du 7 décembre témoigne aussi d’un autre aspect de l’apostasie qui règne sur notre société : la désinvolture et la condescendance des « élites » envers les croyances religieuses dans leur ensemble, et la Foi catholique en particulier.
« L’indifférence est le pire des mépris », dit-on. Notre temps, temps de l’athéisme, de la laïcité, du naturalisme et du relativisme, incarne tristement cette maxime ; et c’est peu dire que la majorité de nos élites intellectuelles considèrent la religion au mieux avec moquerie, au pire avec ennui. Les savants des temps modernes, obnubilés par la réussite matérielle et aveuglés par les pouvoirs infinis que leur accorde prétendument l’innovation technologique, ont, à la suite de Descartes, Kant, Newton et Einstein, brisé la relation entre les sciences expérimentales et la métaphysique, entre l’intelligible et l’inexplicable, entre la raison et la Foi.
Et pourtant… pourtant, pendant des siècles et des siècles, la religion, la philosophie et les sciences se sont côtoyées, nourries et renforcées mutuellement. Pendant des siècles et des siècles, y compris de paganisme, la relation entre la croyance et la raison n’était un problème que marginal, tant l’homme était conscient de son appartenance à un ensemble qui le dépasse, et le dépassera toujours, quels que soient les progrès fluctuants de la « science ». « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien », disait Socrate. Émerveillé par l’infini du réel et du savoir, à mesure que ses connaissances progressaient, il avouait leur maîtrise toujours plus inaccessible.
La capacité à s’émerveiller, l’humilité face à la grandeur de la création – et de son Créateur, voilà ce qui fait cruellement défaut à notre temps. Et puisque les élites, trop « intelligentes » pour s’abaisser à croire aux élucubrations de la religion, trop habiles pour accorder le moindre crédit aux illuminés qui la défendent, s’en désintéressent pour ne considérer que ce que leur cerveau est capable de mesurer, la Foi finit par tomber dans l’oubli et le silence. Elle n’apparaît plus aujourd’hui que comme un reliquat d’un obscurantisme dépassé, qui survit péniblement en parasitant les esprits faibles.
La situation est grave. Parce que la Foi traîne aujourd’hui cette réputation, parce qu’assumer sa Foi apparaît désormais comme un aveu d’handicap mental, les âmes n’osent plus s’y intéresser, et se perdent faute de s’être jamais posé la seule question qui vaille, la seule qui mérite vraiment une réponse. Face à une telle situation, pouvons-nous rester simples spectateurs, immobiles et passifs ?
« Tu adoreras Dieu seul, et tu l’aimeras plus que tout » : tel est le premier et le plus grand des commandements que Dieu a donné aux hommes, le commandement des commandements, celui qui contient tous les autres. Allons-nous, nous, catholiques, rester sourds à ce commandement, et ne pas prendre nos responsabilités d’enfants de Dieu, placés précisément à cette époque afin de rendre témoignage à la lumière ? Si nous ne sommes pas des illuminés, alors notre devoir est de brandir cette lumière au sommet de la montagne. Ce n’est pas parce qu’aux yeux du monde, on n’est pas « brillant », que pour autant, on ne peut éclairer. Souvent, c’est même le contraire ! Et pour cela, la première étape consiste à montrer que Foi et raison non seulement sont compatibles, mais s’allient surtout au sein d’un même tout ; un tout cohérent et harmonieux : l’ordre voulu par Dieu.
C’est ce que nous nous attacherons à faire lors de la prochaine Université d’hiver de la FSSPX, du 9 au 11 février 2024, à l’école Saint-Michel de Châteauroux. Les inscriptions sont ouvertes : nous vous y attendons nombreux !
Baudouin le Roux
Directeur des Universités de la FSSPX