Entretien avec M. l’abbé Bouchacourt

Recevoir pour transmettre

DICI : Vous avez choisi l’islam comme thème de cette Xe université d’été. Pourquoi ?

Abbé Bouchacourt : Il s’agit de savoir si, pour des catholiques, l’islam qui se développe toujours plus en France est une évolution de la société, comme une autre, qu’on peut se contenter d’observer en spectateur, ou si ce développement constant constitue pour nous un défi à relever. En clair, est-ce que nous portons sur l’islam un regard simplement sociologique ? Ou est-ce que nous regardons les musulmans comme Jésus-Christ a regardé toutes les âmes pour lesquelles il a donné sa vie sur la Croix ? Notre université d’été est apologétique : elle entend apporter à l’islam une réponse non pas passionnelle ou superficielle, mais bien rationnelle et spirituelle.

DICI : Lors du sermon de clôture du pèlerinage de Pentecôte, vous avez invité les jeunes à ne pas rester « les bras croisés devant la tourmente actuelle » ; vous voudriez plutôt qu’ils se relèvent les manches et qu’ils s’engagent ?

Abbé Bouchacourt : Bien évidemment ! Car ils doivent savoir que ce n’est pas un discours dilué dans l’œcuménisme conciliaire ou dans le laïcisme du « politiquement correct », qui est de nature à toucher les intelligences et les cœurs. La rhétorique officielle est ronflante, mais elle sonne creux : langue de bois, chez les uns, et langue de buis, chez les autres… Ce que nos contemporains attendent ce ne sont pas encore et encore de bonnes paroles, mais des actes concrets qui correspondent à ces paroles. Il faut penser juste et agir en conséquence, mieux : en cohérence avec ce que l’on pense. Les jeunes d’aujourd’hui ont une grande responsabilité vis-à-vis de ceux qui n’ont rien reçu religieusement ou très peu ; ils ne doivent pas s’y dérober.

DICI : Comment comptez-vous préparer les participants à l’université d’été à cet engagement concret ?

Abbé Bouchacourt : Au sujet de l’islam, comme pour tous les thèmes traités par les précédentes universités d’été, nous ne voulons pas d’un débat purement intellectuel qui ne déboucherait sur rien. C’est pourquoi nous organisons des ateliers pratiques où l’on apprend à répondre aux objections qui sont faites aujourd’hui ; autrement dit à appliquer individuellement les principes généraux donnés lors des conférences. Certes ces journées d’étude sont l’occasion de rencontres amicales, très joyeuses, mais on ne vient pas à l’université d’été par simple curiosité, en dilettante. La spécificité de cette université d’été, dès son lancement il y a 10 ans, tient en ce mot d’ordre : recevoir pour transmettre. Ce qui signifie qu’à la rentrée chacun s’applique à être apôtre dans son milieu auprès de ses parents, de ses amis, de ses condisciples ou de ses collègues.

DICI : Un dernier mot ?

Abbé Bouchacourt : La Tradition à laquelle nous sommes si légitimement attachés, ne doit pas être perçue comme une cause honteuse, soutenue par des catholiques frileux. Ce doit être une cause ardente, défendue avec une joie communicative !

Sources : FSSPX/France – DICI du 16/06/15