« L’Histoire est écrite par les vainqueurs », disent les historiens, soulignant la difficulté de garder une véritable neutralité dans le récit des événements passés. Les vainqueurs, par définition, ont le pouvoir de raconter leurs actions sous un angle flatteur, quitte à s’arranger avec la réalité. Ce phénomène assez naturel correspond bien à la vanité humaine, vieille comme le monde, et qui mourra après lui.
Mais de nos jours cette réécriture a pris un tour nouveau, bien moins naturel, et bien plus inquiétant. Sous le masque hypocrite de la bonne conscience, un petit nombre de censeurs s’est élevé aux Etats-Unis pour dénoncer ce qu’ils appellent les « inégalités sociales ». Au nom de cette expression aussi douteuse que leurs intentions, ces juges autoproclamés se permettent, non plus simplement de réinterpréter certains aspects de l’Histoire de leur pays, mais d’effacer purement et simplement des pans entiers de l’Histoire de tous les pays, répandant leur délire névrotique de par le monde.
Rien n’échappe à leur massacre : au nom du progrès et de la justice sociale, tout ce qui les dérange est appelé à disparaître. Tout ce qui rappelle la nature et donc la fin de l’homme, tout ce qui peut servir de repère à sa conduite, tout ce qui peut symboliquement porter atteinte à ses « droits » supposés, est menacé de mort. Ils ont déjà commencé : déboulonnage de statues des héros du passé, disparition de certaines périodes de l’enseignement scolaire, effacement culturel de l’art des Anciens, trop dépendant du réel à leur goût, destruction, enfin, des traditions. Il est tellement plus facile de nier que de discuter. Ce qu’ils veulent, c’est un individu coupé de ses racines, un homme-tronc, sans souche ni faîte, sans queue ni tête, « libre » d’être ce qu’il veut, pour pouvoir enfin jouir sans entrave.
Ce « wokisme », dernier relent des mouvements de mai 1968, peut-être le plus lâche de tous, ne connaît pas de limite, et ne s’arrêtera pas tant qu’on ne lui opposera pas de résistance. Comment caractériser cette mouvance subversive ? Comment lutter contre un ennemi aussi insaisissable, qui ne frappe que dans le dos, et par surprise ?